La musique est à la fois l'émotion et l'intelligence,
intelligence avec le temps et l'espace abolis, intelligence avec
un sentiment, intelligence avec un être. J'ai aimé Mahler,
Fauré et Chausson. Non pas seulement à travers leur musique,
qui au fond, aurait pu n'être qu'un prétexte à l'écriture, mais
bien pour eux-mêmes, tels qu'ils me sont apparus au fur et à
mesure que je les découvrais. J'ai aimé leur amour pour une
femme, moi qui ne saurai jamais lui écrire une telle musique.
J'ai aimé aussi ces femmes, Alma, Marguerite et Jeanne, pour
leur amour d'un homme tellement supérieur à moi. J'ai aussi
pleuré leurs chagrins et leurs peines : la mort de la fille de
Gustav me renvoya à un déchirement. J'ai aimé ce qui à mes
yeux les a unis tous les trois dans mon écriture, leur insatiable
mélancolie. Cela m'amenait inévitablement à une autre
femme, que je ne connais pas. J'ai aimé ses livres, j'ai aimé
ses concerts et elle est venue s'imposer à mon écriture. J'ai
bien voulu tergiverser, me moquer, écriture à l'eau, écriture
à l'huile, mais rien n'y a fait : je ne pouvais pas l'éviter. Elle
m'a permis sans aucune autorisation, d'écrire d'elle. Cette
pardonnable effraction, c'est l'instant d'Hélène G., qui n'est
pas forcément la pianiste que tout le monde connaît. Elle est
seulement telle que je désirais qu'elle le fût, déesse antique
dans le paysage toscan.
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