Étudier les représentations de la simplicité au dix-neuvième siècle relève du paradoxe. Le sens de l'histoire, le goût du nouveau, l'explosion d'un moi tourmenté et multiforme, tout contribue à reléguer aux oubliettes de l'histoire littéraire les valeurs esthétiques et poétiques héritées du Grand Siècle. Parmi elles pourtant la simplicité, notion issue conjointement de la rhétorique, de la philosophie et de l'éthique, cristallise tout au long du siècle les aspirations profondes des critiques les plus différents, qui en élaborent de multiples représentations. À partir d'une relecture fantasmée du passé, elle permet de réinventer un âge d'or de l'écriture, qui devient quasiment synonyme de perfection, de génie, de maîtrise absolue de l'écrire et de l'agir dans la conscience d'un acte créateur totalement engagé, au sens plein du terme. Idole paradoxale de l'âge romantique, la simplicité ainsi pensée ne se sépare pas des angoisses de la modernité naissante qui la construit sur ses propres doutes. Mirage de l'absolu convoqué à chaque génération pour alimenter les polémiques littéraires, la simplicité invite à porter un regard plus juste sur la pensée critique de ce siècle complexe tant épris de nouveauté et tellement nostalgique du simple !
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.