Depuis quelques décennies, les progrès de l'imagerie cérébrale
(scanners et résonance magnétique) ont permis un développement
sans précédent de notre connaissance du cerveau. Comme souvent,
les avancées scientifiques et les applications qu'elles rendent possibles
soulèvent des questions éthiques fondamentales. Leur enjeu
apparaît ici d'autant plus décisif qu'elles concernent un organe qui
symbolise pour beaucoup la personne elle-même : mieux connaître
le cerveau, c'est mieux nous connaître ; et agir sur lui, c'est agir sur
notre identité. Jusqu'où pouvons-nous et devons-nous aller ?
Au-delà des problématiques proprement éthiques, le domaine
de la neuroéthique s'étend à des questions philosophiques fondatrices,
que les neurosciences renouvellent en profondeur : la nature
de l'être humain, les rapports de l'âme et du corps, le libre arbitre
ou l'identité personnelle. Cet ouvrage est principalement consacré
à quatre de ces questions : le rôle, classiquement dévalorisé par
les philosophes, des émotions dans nos décisions morales ; la place
de la responsabilité et de la liberté individuelles à l'épreuve du
déterminisme cérébral ; l'observation des états mentaux à travers
la neuro-imagerie qui réactive un vieux rêve, lire dans l'esprit ;
et enfin l'amélioration des capacités humaines que promettent les
médicaments du cerveau.
En soumettant les neurosciences à l'examen philosophique et,
réciproquement, en étudiant en quoi leurs avancées nous obligent à
repenser nos conceptions morales, cette réflexion solidement argumentée
évite à la fois un refus de principe et un enthousiasme naïf.
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