Ravagé les terres du roi, ils sont retenus à Albe. Mais Numitor, détrôné par son frère, comprend vite qui ils sont réellement et, avec leur aide, chasse Amulius.
Trop impatients pour attendre leur tour, Romulus et Remus décident de fonder une nouvelle ville sur l'emplacement où ils ont été recueillis. Mais comment décider à qui revient cet honneur puisqu'ils sont jumeaux ? Autant s'en remettre à la volonté des dieux que l'on consulte par les auspices : sera le fondateur celui qui verra le plus d'oiseaux en vol dans un carré de ciel délimité. Remus en voit six, le premier : ses partisans le proclament vainqueur. Mais, juste après, Romulus en voit douze : il prétend l'emporter. On discute, on s'échauffe, la querelle dégénère, Remus tombe, frappé à mort. D'autres disent qu'il narguait son frère en sautant à pieds joints par-dessus le sillon, symbole des remparts, que Romulus avait entrepris de tracer. Ce dernier, furieux de cette insulte, aurait tué son frère en criant : « Qu'ainsi périsse quiconque franchirait mes remparts ! »
En tout cas, Romulus resta seul maître et donna son nom à la ville : Rome.
2.6. L'enlèvement des Sabines
Mais comment peupler Rome ? À peine née, la ville est promise à sa disparition s'il n'y a que des hommes. Mais comment trouver des femmes ? Romulus a beau envoyer des ambassadeurs chez tous les peuples voisins, aucun n'accepte de confier ses filles à des garnements sortis d'on ne sait où... Alors Romulus se résout à la ruse : il fait annoncer et préparer des fêtes somptueuses en l'honneur de Neptune. La curiosité aidant, on s'y précipite : les Sabins viennent avec femmes et filles... que les Romains, au signal de Romulus, enlèvent à leurs parents.
Romulus se rend auprès des Sabines, indignées et désespérées : il leur assure que ses hommes feront tout leur possible pour leur tenir lieu de famille et de patrie. Et les Romains mettent en avant un argument auquel les femmes ne savent pas résister : ce rapt n'a pour excuse que la violence de leur passion...
Quand les Sabins reviennent pour déclencher les hostilités, les « victimes » se jettent entre les combattants : plutôt mourir que de vivre veuves ou orphelines, sans leur père, leur frère ou leur mari ! Le sentiment a vaincu la rage guerrière.
2.7. Les Horaces et les Curiaces
Rome va donc survivre et mieux, prospérer. La voici de taille à rivaliser avec la cité « mère » : Albe. Mais, conscients que l'Étrurie voisine est un adversaire plus redoutable à l'appétit duquel il ne faut pas se livrer exsangue, les chefs des deux villes trouvent un accord : des champions de chaque camp s'affronteront et décideront du vainqueur.
Hasard bienvenu pour la légende, chaque ville compte trois frères de même âge et de même force : les Horaces à Rome, les Curiaces à Albe. Ils se livrent un combat singulier que la foule suit du haut des remparts. Ô horreur ! deux Horaces tombent, expirants, alors que les trois Curiaces sont blessés. Ô honte ! voilà le troisième Horace qui s'enfuit ! Le vieux père ne supporte pas cette infamie et détourne son regard du champ de bataille. Mais ce n'était qu'une ruse : le survivant, en faisant mine de fuir, a distancé ses poursuivants. Il peut maintenant les affronter un à un : le premier qui arrive, moins blessé que les autres, n'est pas le plus aisé à vaincre mais Horace y parvient. Malgré la fatigue, il élimine le deuxième, un peu moins résistant. Quant au troisième, épuisé par ses blessures et sa course, il l'achève facilement. Horace offre donc la victoire à Rome et rend à son père l'honneur de la famille intact : celui-ci en oublie de pleurer ses deux fils morts, tant sa fierté est plus importante.
Tel n'est pas l'avis de Camille, soeur d'Horace et fiancée à l'un des Curiaces : elle est la seule à accabler son frère de reproches et à dénigrer Rome. « Rome, l'unique objet de mon ressentiment... », écrira plus tard Corneille. C'en est trop : on ne blasphème pas contre Rome ! Horace transperce sa soeur de son épée pour venger l'insulte faite à la patrie.
2.8. Exemples de « vertu » romaine
Ce patriotisme impressionnant qui pousse le Romain à sacrifier son bonheur individuel au nom des valeurs collectives est un des traits dominants de la « virtus » romaine, la qualité qui fait qu'on est un homme (« vir ») et un Romain dignes de ce nom. En voici quelques « exemples » que narre Tite-Live, au cours de la lutte contre les Étrusques, pour montrer à ses contemporains quels héros mythiques étaient leurs ancêtres.
Lucrèce, Romaine d'une morale exemplaire et mariée à Collatin, est violée par Sextus Tarquin, sous la menace de son épée. Après avoir avoué son déshonneur à son mari, elle se suicide. Cet affront pousse les Romains à se révolter contre le pouvoir tyrannique des rois étrusques. Mais ceux-ci ne vont pas abandonner comme cela leur domination et reviennent assiéger la rebelle.
Horatius Coclès résiste, seul contre tous, à l'attaque du pont qui sépare encore le camp étrusque de Rome, puis se jette, malgré le poids de ses armes, dans le Tibre pour échapper aux flèches ennemies.
Mucius Scaevola veut éliminer le tyran étrusque : il se faufile dans le camp mais tue le scribe au lieu du roi qu'il n'a pas identifié. Fait prisonnier, il résiste aux menaces et préfère brûler sa main droite, celle qui a commis l'erreur, plutôt que de se montrer soumis. Le roi étrusque , admiratif, le gracie.
Enfin Clélie, une jeune fille prise en otage par les Étrusques, parvient à s'échapper et à ramener tout un groupe de jeunes Romaines, indemnes, dans leur patrie, en traversant le Tibre dans une nage improvisée. Les Romains lui dressent une statue équestre en hommage à sa « vertu ».
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