La mort en échec
« Nous descendons du train, valise à la main. Ma mère a les yeux dans le vague, elle se tourne vers mon père et moi, et nous lance : "Il vaudrait mieux ne pas défaire les valises, il faudrait partir loin d'ici, maintenant." Mais nous sommes restés. »
Quand les troupes nazies envahissent la Pologne en septembre 1939, Izabela Sztrauch, qui ne s'appelle pas encore Isabelle Choko, a onze ans. Elle est envoyée dans le ghetto de Lodz avec sa famille. Son père y meurt d'épuisement et de maladie. À quinze ans, Isabelle est déportée à Auschwitz-Birkenau, puis à Waldeslust et Bergen-Belsen.
Il y a la peur et la violence. Les travaux forcés, le froid, les coups, la promiscuité, la faim. Partout, l'odeur de la mort. Mais aussi des moments de fraternité. Le courage d'un prisonnier de guerre qui prend tous les risques pour lui donner un peu de nourriture. Et l'amour qu'Isabelle porte à sa mère, qu'elle tient dans ses bras jusqu'à son dernier souffle - sur le sol noir de Bergen-Belsen.
Elle revient de l'enfer seule, avec pour unique bagage son désir de vivre, son intelligence et son humour. Défiant le destin, quelques années plus tard, elle est sacrée championne de France d'échecs et fonde une famille. Aujourd'hui, Isabelle raconte.
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