La mort comme lumière
Écrits sur les arts du visible
Comme aimait à le dire l'un de ses maîtres, Borges, plus qu'un auteur Giorgio Manganelli est à lui seul toute une littérature : polymorphe et perverse, et toujours surprenante. Un grand nombre de ses livres, qui échappent à toute tentative de classification, a été traduit en français et beaucoup continuent à être publiés après sa mort, regroupant l'abondante production journalistique d'un auteur qui se professait non sans provocation « écrivain de café-concert ». Mais en plus de cet éloquent succès posthume, il nous reste sa passion dévastatrice pour les arts visuels. Manganelli est un outsider, mais pas un amateur : il démontre dans ces articles, recueillis ici pour la toute première fois, une compétence de spécialiste, en particulier à propos du répertoire italien des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles.
Il s'agit d'un territoire immense, aussi bien chronologiquement (des pierres de la région de Luni, 3000 ans avant Jésus-Christ, aux compagnons de route que furent Gastone Novelli ou Carol Rama) qu'à l'aune d'une curiosité minutieuse allant de stars comme Raphaël ou Van Gogh et des tours de passe-passe fastueux et ensorceleurs des maniéristes jusqu'aux affiches victoriennes et aux ornements caducs du cimetière de Campo Verano. Chacun de ces textes révèle le punctum d'une obsession : trouver le chemin, fût-il de traverse, capable de nous conduire, qui sait, au plus près de ce lieu vaste et ténébreux que constitue le corpus de Manganelli.
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