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La période actuelle est caractérisée par la dislocation des grandes formes théâtrales hégémoniques. Cette dislocation résulte : — de procès internes : par la rupture avec les concepts d’homme tragique ; avec la forme dramatique dans le théâtre épique ou menant à l’exaltation du recours aux « forces premières », pour « revivifier » les formes et les faire mieux exprimer de nouveaux mythes ; — de procès externes, consécutifs aux grands courants révolutionnaires mondiaux, radicalisés depuis 1968, dans les pays capitalistes très développés et dans les pays se prétendant socialistes. Modes de représentation et structures de la représentation sont mis en cause, sans d’ailleurs nécessairement aboutir à autre chose qu’à un retour, sous des apparences variées, au « vieux » théâtre : théâtre du sacrifice, de la transgression, du (faux) rituel, suivant les couches sociales auxquelles il se destine, schémas différents pour des paroisses différentes… L’harmonie du cadre et de l’acte théâtral réclamait l’apparition d’une unanimité qui impliquait la communauté de la présence (cf. l’office religieux) : lieu de visualisation d’un texte, le théâtre aujourd’hui accomplit rarement une telle communauté, sinon en ses célébrations au dieu culture, c’est-à-dire à lui-même. Aujourd’hui, qui croit au Théâtre (à cette culture) ? À l’autre pôle les démonstrations de théâtre militant affirment l’existence d’une communauté de la présence, mais en rupture sociale : certes, la représentation continue d’emprunter encore aux modes supérieurs et anciens connus. Mais globalement, en tant que telle, elle s’ouvre au conflit et avec le théâtre — elle n’est plus jouée « au » théâtre — et avec la société établie — elle est d’ailleurs pourchassée pour cela. Théâtre occasionnel, non-répétitif, intransportable, non-normatif, d’autoconsommation, de la transgression qui veut et doit bientôt se poser d’autres questions. La période est cruciale : faut-il rompre totalement avec l’institution et accélérer la décomposition des vieilles formes, en fortifiant les tentatives balbutiantes, ou l’institution théâtrale conserve-t-elle, dans une période de reprise en mains par la bourgeoisie de tout l’appareil culturel, un espace qui permette de produire sa mise en crise ? Les textes rassemblés ici s’efforcent de répondre à ces questions.