Après le grand cours de 1936 sur le traité de Schelling de 1809, les
Recherches philosophiques sur l'essence de la liberté humaine, Heidegger
remet en 1941 l'ouvrage sur le métier. Il propose ici une interprétation
«renouvelée» du traité dans lequel il voit «le sommet de la métaphysique
de l'idéalisme allemand», ou encore «le coeur de toute métaphysique de
l'Occident».
C'est dire que, loin de faire double emploi avec le cours de 1936 (dont
la traduction française a paru en 1977 sous le titre Schelling), ce cours de
1941 reprend à nouveaux frais la problématique schellingienne. Le fil
directeur de l'analyse est la distinction entre «fond» et «existence», analogue
à celle entre pesanteur et lumière. En fait d'«écrit sur la liberté»,
dit Heidegger, il serait plus pertinent d'appeler l'ouvrage «l'écrit sur le
mal», la liberté étant déterminée par Schelling comme pouvoir non du
bien ou du mal, mais du bien et du mal. C'est cette solidarité entre la
liberté et le mal qui est interrogée.
C'est aussi l'occasion, pour Heidegger, de préciser en quoi le concept
d'existence, tel qu'il l'élabore dans Être et temps, se démarque de ce
qu'entendent sous ce nom Schelling, Kierkegaard et Jaspers. Ce n'est pas
le moindre prix de ce cours que de prévenir le contresens, courant en
France, selon lequel le traité de 1927 relèverait de «philosophie de l'existence»
ou de l'«existentialisme».
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