L'aiguille de ma boussole intérieure indique l'Est. Mais d'où me vient cette excitation
quand je vois une allée d'acacias, une bande de basses terres, une place comme un
foulard, bordée de maisons à un étage. Quelque chose me crie : ici. Et aucun nom
ne parvient à s'approcher de cette image. L'image est ancrée derrière toute expérience
consciente. Elle provient d'un réservoir de la mémoire que je ne contrôle, ni ne
connais vraiment. Et elle exerce un pouvoir sur moi. [...]
Aux images provenant d'on ne sait où se joignent des sons et des odeurs. Du
pentatonique (aux demi-tons tranchants), chanté, soufflé. Une odeur de fumée.
D'épices, d'encens.
Du thé fume dans les tasses.
Le pays de l'autre mémoire est un territoire de thé.
Entre ses clôtures et ses frontières, je suis touchée. Je suis ses appels comme s'ils
étaient les cris de bergers fiables. Eastward ho !
Dans La mer encore, Ilma Rakusa raconte, tout en poésie, son enfance nomade
entre Budapest, Ljubljana, Trieste et Zurich, où elle s'établit avec sa famille à
l'âge de six ans.
En soixante-neuf strophes, Ilma Rakusa revient sur sa traversée de l'Europe
de l'Est pour rejoindre l'Europe de l'Ouest, au sortir de la Seconde Guerre
mondiale. Elle évoque les images et sensations qui lui restent du voyage continuel
de son enfance, des séparations, des langues étrangères et du déracinement.
Très vite, la musique, le piano et l'oeuvre de Dostoïevski deviennent ses refuges,
comblant l'impossible sentiment d'appartenance.
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