«Wrga, la borgne, avait un petit changeon. Mais
elle faisait semblant de ne pas le savoir et appelait
parfois la mal-née par son beau prénom.»
C'est par cette phrase qui semble devoir
à la trouble féérie des contes que commence
l'étrange et tragique récit de l'existence de
Zitha. Enfant sans père, sans paroles et, selon
toute apparence, sans pensée, Zitha serait un
«changeon» - c'est du moins ce qu'affirme le
prétendant de sa mère -, ainsi que les sombres
légendes carinthiennes du début du XXe siècle
(où se situe l'histoire) dénomment les enfants
illégitimes, muets ou débiles. Autrement dit,
le «changeon» est un monstre dont il faudrait
à toute force se débarrasser pour que cesse la
malédiction dont il menace les vivants.
Le génie singulier de Christine Lavant
trouve dans ce bref récit l'occasion de brosser
une nouvelle fois, après Das Kind (Lignes,
2006), le portrait d'un enfant à qui le monde
se refuse, ou ne s'offre à lui que sur le mode
d'une souffrance sans frein.
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