« J’ai rêvé que Jean Paulhan avouait sur un plateau télévisé qu’il avait créé de toutes pièces le personnage de Maurice Blanchot comme incarnation de tout ce que représentait la littérature d’après-guerre : personnage kafkaïen, ubiquiste et cantonné en permanence à une chambre d’écriture/ lecture (“une espèce de chambre d’écho”, disait-il). Oui c’était lui, et un petit comité d’écrivains triés sur le volet, qui avaient rédigé L’entretien infini, L’attente l’oubli ou La folie du jour. Si au départ il était quasiment seul, l’écriture est devenu de plus en plus collective au fil du temps, ce qui rendait la syntaxe (notamment) si singulière et l’emprise si importante. Nous étions dans le bureau de la rue ex-Sébastien Bottin. Il avait un gecko sur le revers de costume et trempait de temps en temps le bout de ses doigts dans un bocal d’eau verte. »
Livre hybride, entre lecture et écriture, essai osant parfois sa part de fiction, l’enquête de Benoît Vincent vise à sonder l’incertitude voire l’ambivalence dans la production contemporaine de ces dernières décennies. En un mot, l’inquiétude. Car la littérature inquiète, dans toutes les porosités des deux versants d’une même pièce : lire et écrire.
En marge des éclaircissements académiques généralement propres à la critique, La littérature inquiète se plonge dans les eaux profondes, supposément obscures, des écritures d’aujourd’hui, en traversant entre autres les territoires d’Arno Bertina, François Bon, Nicole Caligaris, Italo Calvino, Patrick Chatelier, Claro, Emmanuel Delaplanche, Régis Jauffret, Pierre Senges, Enrique Vila-Matas, Guillaume Vissac ou Antoine Volodine. Le tout sous les figures tutélaires que sont Paulhan, Blanchot, des Forêts et Quignard.
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