La libération de la France
Jusqu'au milieu des années 1970, une légende dorée a magnifié la libération de la France, apogée de la Résistance héroïque d'un peuple unifié derrière le général de Gaulle pour les uns, derrière le Parti communiste pour les autres. Puis, au cliché de l'« union sacrée » succède celui de la « guerre civile ».
À l'origine de ces perceptions contradictoires, deux France que tout oppose en 1944. D'un côté, celle qui a connu les maquis, les massacres, les cours martiales, et qui est persuadée de s'être libérée seule. De l'autre, celle pour qui la mort provenait du ciel, la liberté s'incarnant avant tout dans la figure des GI's. Cette double France, dont le tissu social s'est déjà déchiré avant-guerre, semble alors irréconciliable après l'Occupation.
Grâce aux mythes complémentaires de l'insurrection nationale et de la « poignée de traîtres », la Libération représente une tentative de résoudre une double crise identitaire - la défaite, la mort de la démocratie -, en partie par des faux-semblants : l'identification à la Résistance et la vision de la souffrance endurée et de la dignité conservée. Période complexe, pendant laquelle se sont fixés nombre des traits qui conditionnent encore notre histoire.
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