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Le mythe du petit entrepreneur devenu patron de multinationale est vieux comme le capitalisme. En son nom, patronat et gouvernements (mais, souvent aussi, de nombreuses associations : junior entreprises, clubs d’investisseurs, boutiques de gestion, banque des pauvres…) ont fait de la création d’entreprise et de la défense de la petite entreprise la planche de salut pour sortir du chômage et stimuler la croissance : de la prime Barre à la fin des années soixante-dix à la loi Madelin des années quatre-vingt-dix, chômeurs et fonctionnaires, soupçonnés de vivre aux crochets de la société, sont ainsi priés de faire preuve d’initiative et de créer leur entreprise. Malheureusement, il y a loin du mythe à la réalité de l’économie de marché. Ce livre remet les pendules à l’heure en retraçant la véridique histoire de l’entrepreneur (depuis que le terme existe), en montrant comment le mythe s’est construit, dans la théorie économique aussi bien que dans le discours social, et en démontrant, enquête à l’appui, comment la réussite entrepreneuriale est toujours une œuvre collective : pas de réussite sans un capital social - on reconnaîtra la référence à Pierre Bourdieu - dont hérite l’heureux élu et qu’il fait fructifier avec l’aide de l’État, de sa famille, de ses amis, etc. Il ne s’agit cependant pas, pour Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis, de dénigrer l’esprit d’entreprise, mais de mettre en garde contre sa mythification (l’échec est lourd de drames humains et familiaux). Ce livre est donc indispensable aux conseilleurs et aux candidats à l’aventure entrepreneuriale…