La loi du 28 mars 1882, celle-même qui établit l’obligation d’instruction et la laïcité des enseignements, prévoit l’introduction dans les programmes obligatoires de l’école primaire des sciences physiques et naturelles. Quel sens peut avoir pour l’école républicaine cette nouveauté ? N’est-ce que l’aboutissement normal d’une scolarisation primaire organisée depuis Guizot, ou bien est-ce un indice significatif du "nouveau régime" que Jules Ferry annonçait pour l’école ? Rupture ou continuité ? L’analyse fait apparaître une tension remarquable entre la réalité des prescriptions (textes officiels, programmes, etc.), qui maintiennent les sciences dans la tradition modeste et utilitaire de l’école du peuple, et les représentations idéales d’un projet éducatif et culturel qui se veut inédit et qui tend à enrôler l’enseignement scientifique primaire au service de l’humanisme moral, rationaliste, laïque et scientiste qui a marqué la IIIe République naissante. L’analyse de la leçon de choses, méthode exemplaire et universellement préconisée d’un tel enseignement, témoigne de cette tension dialectique originale entre le rêve et la réalité de l’éducation scientifique primaire.
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