Le 2 mai 1519 Léonard de Vinci mourait à Amboise. Cette mort, loin de sa patrie, l’Italie, dans une solitude profonde, adoucie cependant par l’intelligente affection du roi François Ier, rappelle encore les liens éternels qui unissent la France et l’Italie. De cette union nécessaire, écrite dans la longue histoire des deux pays, Léonard de Vinci n’est-il pas le haut représentant et l’éloquent symbole ? N’a-t-il pas trouvé chez nous, en France, l’asile qu’il avait vainement cherché dans son pays ? Ne nous a-t-il pas légué quelques-uns de ses plus beaux et plus mystérieux chefs-d’œuvre ? N’a-t-il pas rencontré en France ses plus fervents admirateurs ? Enfin, par son double culte pour la science et pour l’art, n’est-il pas un précurseur admirable de ce qu’il y a de plus élevé dans l’âme moderne ?
La Joconde, cette mystérieuse et redoutable fiancée du Vinci, est ainsi décrite par Théodore de Banville : ‘O troublant et sombre enchantement de ce front démesuré, de ces yeux étroits et profonds sans sourcils et sans cils, de ces lèvres un peu tordues dans un indicible et cruel sourire ! O contour prestigieux du visage, chairs mates, fauves, noyées d'une ombre transparente et bleue, poitrine où dort le secret inouï, chaste voile, robe plissée en petits plis par mille fées, grandes mains où la Volupté sommeille, bleu et dangereux paradis-labyrinthe, caché derrière elle, et où ses regards nous attirent ! Oh ! qui de nous ne sera un peu damné pour l'énigmatique et froide et brûlante Mona Lisa !’
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