Quelques personnalités de la guerre de cent ans
Édouard de Woodstock (1330-1376)
Éternel prince héritier du trône d'Angleterre, le Prince Noir ne régnera jamais. Manquant d'être tué à la bataille de Crécy, il ordonne en représailles l'exécution de tous les chevaliers français ne pouvant payer rançon. Certainement le meilleur militaire de son temps, ses victoires retentissantes de Poitiers (1356) et de Najera (1367) en font également un geôlier hors norme en raison des prisonniers illustres qu'il y fit (Jean II de France puis Du Guesdin). Nommé prince d'Aquitaine (1363-1372), il se révèle être un piètre politique et conduit sa principauté à la ruine.
Charles II le Mauvais (1332-1387)
Roi de Navarre (1349-1387) et petit-fils du roi Louis X de France par sa mère Jeanne, ses droits à la couronne de France sont réels, mais moindres à ceux que pouvait faire prévaloir Édouard III d'Angleterre. Toutefois, son statut de gendre de Jean II pouvait faire de lui un prétendant sérieux au trône en cas d'extinction de la branche des Valois. Pire ennemi politique du futur Charles V, il lui dispute l'exercice de la régence en 1358, son accession au trône en 1364 et va même jusqu'à comploter son assassinat en 1378. Ses nombreuses intrigues lui coûtent la confiscation de ses fiefs normands et aboutissent à un isolement politique du royaume de Navarre jusqu'à sa mort.
Bertrand Du Guesdin (1320-1380)
Véritable bras armé de la politique menée par Charles V, ce Breton se signale sur tous les théâtres de guerre de son époque (Bretagne, France, Castille). En tant que soutien indéfectible de la cause des Valois, Charles V lui confie l'épée de Connétable de France (1370-1380). Vainqueur à Cocherel (1364), à Montiel (1369) et à Pontvallain (1370), il incarne l'idéal chevaleresque même dans la défaite en refusant de reculer devant l'ennemi aux défaites d'Auray (1364) et de Najera (1367). Libéré contre rançon, il est l'artisan de la reconquête française en Aquitaine grâce à ses talents dans l'art de mener la guerre d'usure. Le tenant en grande estime, Charles V, mourant, demandera à ce qu'il repose à ses côtés à Saint-Denis (1380).
Jean sans Peur (1371-1419)
Duc de Bourgogne (1404-1419), il doit son surnom à la bravoure qu'il a déployée lors de la croisade de Nicopolis contre les Turcs (1396). Politique ambitieux et rusé, il précipite le royaume dans la guerre civile en faisant assassiner son rival politique Louis d'Orléans (1407). En 1415, il ne peut empêcher le désastre d'Azincourt en raison de l'arrogance des Armagnacs qui pensaient pouvoir se passer de sa science de la guerre et de ses troupes. Indigné par l'ambition démesurée anglaise, il tente un ultime rapprochement avec le Dauphin Charles qui le fait assassiner en 1419. Ce nouvel attentat cristallisera la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons et poussera son fils Philippe le Bon à faire ce que lui-même s'était toujours refusé, en dépit d'une politique étrangère particulièrement ambiguë : conclure un traité d'alliance avec l'Anglais.
Philippe le Bon (1396-1467)
Duc de Bourgogne (1419-1467), il mène une politique revancharde à l'encontre du parti d'Armagnac pour laver l'honneur de son père assassiné. Il est le fondateur du tout-puissant État bourguignon, son alliance détermine le camp du vainqueur. Instigateur impitoyable du traité de Troyes (1420), il place les Anglais en position de force jusqu'en 1429. Mais l'alliance anglaise lui apportant plus d'inconvénients qu'elle ne lui offrait de profits, il négocie l'avantageux traité d'Arras (1435) avec le parti d'Armagnac. Se posant en égal du roi Charles VII, il obtient de celui-ci la réparation morale de l'assassinat de Jean sans Peur, la cession de nouveaux fiefs ainsi qu'une exemption d'hommage à vie pour toutes ses possessions françaises qu'il gouvernait en pleine souveraineté. Tel était le prix à payer par le roi de France pour s'assurer l'alliance de Bourgogne...
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