Kirkouk, dans le nord de l’Irak, est l’une des provinces les plus touchées par la violence politique. Les conflits s’y superposent depuis plusieurs décennies : mobilisations sociales, guerre entre partis kurdes et État central, lutte d’influence entre les puissances régionales, insurrection arabe sunnite et montée en puissance des milices chiites.
Kirkouk constitue donc un point d’observation privilégié des dynamiques politiques qui travaillent la société irakienne. En particulier, les partis – ethno-nationalistes ou religieux – sont à la fois producteurs de violence et intermédiaires obligés entre la population et les institutions étatiques, qui restent l’enjeu majeur des affrontements. Ils mettent en œuvre des politiques d’ingénierie démographique et imposent de nouvelles hiérarchies identitaires. La guerre contre l’ État islamique, à partir de juin 2014, radicalisera leurs projets et conduira, paradoxalement, à un retour de l’État par le biais des milices chiites.
Fruit de plusieurs années de recherche sur le terrain, ce livre dépasse les lectures communautaristes ou géopolitiques du conflit irakien qui tendent aujourd’hui à prévaloir. Il apporte ainsi une contribution originale au débat sur le rôle de la guerre dans la formation de l’État.
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