De 1910 à 1914, Barrès mène campagne pour la défense des églises menacées de ruine. La loi de Séparation de 1905 a des lacunes, le Pape refuse la constitution d’associations cultuelles, le patrimoine religieux français est en péril. L’antidreyfusard du tournant du siècle dépasse ici ses engagements antérieurs et le seul combat clérical. Avec des hommes politiques de différents bords, des artistes, des critiques et des historiens de l’art, il œuvre à une prise de conscience de l’opinion publique et à un amendement de la loi. N’excluant aucun des divers héritages qui ont façonné l’histoire de la France, Barrès considère les édifices religieux d’abord comme un « trésor national » qui constitue « la belle chaîne de l’art français » et doit, à ce titre, être préservé. C’est pourquoi il propose le classement global de toutes les églises - y compris les modestes églises de village - bâties avant 1800. Au musée, institution qui, selon lui, déracine, il préfère le patrimoine agissant in situ, qui incarne de manière concrète et immédiate la continuité historique de la nation et permet une adhésion de sentiment. La grande pitié des églises de France, texte hybride et original - fait de débats parlementaires, dialogues, lettres ouvertes, articles, méditations métaphysiques -, est le journal d’une campagne réussie qui a contribué au vote de la loi de 1913 sur les monuments historiques. Œuvre souvent citée et pourtant mal connue, elle marque la naissance d’une conscience patrimoniale nouvelle.
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