Deux enfants, Lem et Isaac, vivent dans un orphelinat cerné de murs montant jusqu'au ciel. Ils tentent d'apercevoir à travers un trou du mur la Grande Eau, symbole pour eux de toutes les libertés. Nous sommes au lendemain d'une guerre, dans un établissement régi par quelque dictateur, sans autre espace laissé à l'imaginaire que ce trou, qui canalise espoirs, paroles et prières.
Lem nous raconte ce cauchemar éveillé, frénétiquement, comme s'il n'y avait pas de lendemain, comme si les adultes ne pouvaient les croire, comme si tout était trop irréel pour être vrai. Les enfants rêvent que la Grande Eau se rapproche, absorbe les étoiles, qu'elle les embrasse et les enveloppe comme une mère en recouvrant tout sur son passage. Mais peu à peu, les murs se recouvrent de lettres rouges, le ciel devient de flammes, le vent rouge emporte les étoiles, et la sécheresse menace.
La prose répétitive et incantatoire de (...)ivko (...)ingo déchire la norme, perce le coeur, et transcende d'une manière hallucinée la malédiction de Lem et d'Isaac.
« Nos coeurs d'enfants étaient remplis de rêves, ils en explosaient. Mais où que le sommeil pût se trouver, le sonneur de cloches était là pour le poursuivre. Il le poursuivait comme son pire ennemi. »
« La nature est accentuée, hyperbolisée jusqu'à l'échelle biblique, elle est tissée de légendes, de croyances et de prédictions. Les vallées, les jardins, les arbres, l'alternance des saisons, le vent qui vient de l'ouest, l'arrivée du printemps et, avant tout, les orages transformant le pays en boue et enfeu acquièrent des significations particulières, surréalistes, sacrées. Tout d'un coup, l'homme devient plus petit, disparaît devant le torrent des grandes eaux. »
Milan Djur(...)inov
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