La globalisation est un phénomène ambigu. Elle prend sa source dans le développement
des technologies, les économies d'échelle, l'ouverture des marchés
et l'interdépendance économique. Pourtant, elle présente aussi des dangers
non négligeables, comme la destruction des souverainetés et des cohésions
nationales, ce qui prive les marchés de leurs responsabilités sociales et politiques
sans lesquelles ils ne peuvent plus fonctionner.
Aujourd'hui, la globalisation conduit au monopole des valeurs économiques
libérales. Elle ne s'inscrit pas dans un processus démocratique. Le résultat est
souvent socialement injuste, politiquement conflictuel et économiquement
inefficace. Si l'ancien monde est mort, le monde marchand commence à être
critiqué, mais il y a peu de consensus sur la nouvelle société à construire.
Les acteurs économiques de la mondialisation (organisations internationales,
Etats, Régions, organisations non gouvernementales, firmes multinationales, ou
les «maîtres-penseurs» de la globalisation) commencent à affûter leurs
armes, pour développer des coalitions provisoires aux résultats incertains. Si
pendant des siècles les hommes ont cherché à réduire l'incertitude pour un
monde plus humain, le développement économique proposé par la libéralisation
de l'économie réduit le champ des certitudes sociales. Si les nouveaux
conflits sociaux et politiques ne sont pas encore inévitables, ils deviennent de
plus en plus probables dans un processus cumulatif d'antagonismes internationaux,
de conflits régionaux et de guerres civiles. Il est temps de faire
l'analyse d'une globalisation aux coûts de l'homme croissants. Peut-on mettre
la globalisation en «analyse» ?
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