La position de la gauche communiste et socialiste à l'égard de la
seconde chambre depuis 1945 est souvent présentée comme étant
constituée de revirements successifs le plus souvent dictés par des
considérations électorales. Ainsi, la gauche aurait d'abord prôné le
monocamérisme par hostilité au Sénat en 1945-1946, elle se serait ensuite
montrée peu favorable au Conseil de la République sous la Quatrième
République, avant de se déclarer très favorable au Sénat de 1958 tant qu'il
a combattu activement le général de Gaulle et ses gouvernements, pour
finalement manifester son hostilité au Sénat depuis 1981 et sa politisation
accrue. Est également mis en avant le fait que la position officielle des
partis communiste et socialiste ne serait pas partagée par tous leurs
sénateurs.
Dans le cadre de cette étude, il s'agit alors de se demander s'il n'est pas
possible de déceler, sous ces contradictions et ces rétractations, une
logique sous-jacente, un fondement théorique, expliquant la position de la
gauche communiste et socialiste à l'égard de la seconde chambre depuis
1945.
Pour ce faire, il faut partir du postulat selon lequel les notions de
«Sénat» et de «seconde chambre» ne sont pas synonymes, c'est-à-dire
que le rejet du Sénat n'est pas forcément le rejet de toute seconde chambre
et que l'acceptation d'une seconde chambre n'est pas forcément
l'acceptation du Sénat.
Il apparaît alors que depuis 1945, la gauche manifeste son hostilité au
Sénat tout en se déclarant favorable à l'existence d'une seconde chambre.
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