Un quarteron de journalistes félons menace la
République. Ils s'appellent Éric Zemmour, Robert
Ménard, Ivan Rioufol, Élisabeth Lévy. Ils ont le mauvais
goût de ne pas se prosterner devant toutes les
lubies de l'époque : la culture réduite à l'écran, l'art
dévoyé en marketing, la disparition de l'autorité
des salles de classe, l'effacement des frontières.
Ce sont les «nouveaux réactionnaires».
Mais de tous leurs crimes, le plus grave est de
s'obstiner à nommer les choses, même quand
elles sont déplaisantes. Ils ne considèrent pas les
délinquants comme des victimes et pensent que
l'immigration n'est pas seulement une chance pour
la France, en particulier pour les derniers arrivés dont
elle freine l'intégration, sans parler de l'assimilation.
Pour les prêchi-prêcheurs de la «gauche divine» dont
parlait Baudrillard, ce refus de repeindre la réalité en
rose vaut brevet de crypto-lepénisme : si le peuple
pense mal et ne vote pas mieux, c'est parce qu'il a
été influencé par ces mauvais coucheurs. Alors les
professeurs de vertu dressent la liste des suspects et
déclenchent la machine à simplifier, à caricaturer, à
dénoncer. Cette alliance de la malveillance et de la
niaiserie peut décourager. Ou, au contraire, donner
envie de descendre encore dans l'arène pour mener
le seul combat qui vaille : celui des idées.
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