Au terme d’une enquête menée sur soixante ans et portant sur toute la France, quelque 3 725 rébellions collectives et violentes contre des gendarmes ont pu être reconstituées. Envisagées une à une, ces affaires sont riches d’enseignement sur les points de friction, les modes de mobilisation, les rites de la violence ou encore les formes de la répression. Considérées dans leur ensemble, elles forment une masse statistique propre à revisiter les grands paradigmes qui modèlent le champ historiographique du xixe siècle, comme la fin des terroirs, la civilisation des mœurs, la monopolisation de la violence légitime. Ce phénomène rébellionnaire est en effet indissociable de l’essor des forces et des fonctions de la gendarmerie, elle-même manifestation et moyen du développement de l’état post-révolutionnaire. Au fil d’une vingtaine de cartes déclinées aux échelles du département, de l’arrondissement et du canton, cet ouvrage suit le mouvement d’implantation des brigades et les résistances auxquelles elles peuvent se heurter. Au-delà des fractures politiques, cet atlas de l’ordre et des désordres dessine les fronts pionniers investis au nom de la civilisation. Au cours de cette période décisive, la gendarmerie conquiert sa légitimité dans l’espace national et dans la société rurale, en se constituant véritablement comme une force publique reconnue. L’acceptation de son autorité précipite dès lors le dépérissement des révoltes communautaires : le fait de société devient fait divers.
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