Faire table rase du passé ne prépare en rien les
lendemains qui chantent, Francis Combes est un
homme de son temps, préoccupé de l'avenir ; on le
sait, le repli sur le passé est mortifère. Or, Francis
Combes, poète, travaille sa langue. Ce que tout poète fait
ou devrait faire. Il se trouve que cette langue est la
française, avec une longue histoire de métissage dont il
nous donne à voir les images. L'histoire d'un pays ne fait
qu'un avec celle de sa langue.
Nous voilà donc au coeur de l'entreprise de Francis
Combes : la France. Le moins qu'on puisse dire est qu'il
ne manque pas d'audace, dans un temps où il semble que
les poètes ont d'autres préoccupations. Déjà Aragon n'en
faisait-il pas le constat, non sans ironie : «Nous avons
aujourd'hui le goût d'une autre poésie» ?
Mais de quelle France parlons-nous ? «J'entreprends de
chanter la France au moment qu'elle se désagrège / quand
elle doute d'elle-même / et s'efface comme un dessin à la
craie / sur le tableau de l'écolier». Francis Combes chante
la France dans une période obscure de l'Histoire, entre
deux mondes, l'ancien, sans doute à jamais révolu, et le
nouveau dont nul ne connaît encore la figure : une
période intervallaire dirait Alain Badiou.
Extrait de la préface de Jean Ristat
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