La Fourrure de ma tante Rachel
Quand Raymond - raconteur - relate sa vie à un écouteur professionnel - Federman -, il dessine une existence foisonnante en quelques scènes : une enfance désargentée, une vie nourrie d'étreintes et de conflits, le jazz qui exalte l'Amérique et ses complexités. Sa famille, sa judéïté incarnent l'histoire personnelle et collective avec ses vivants - oncles et tantes honnis, partis en 1942 sans Raymond et les siens - et ses morts : mère, père et soeurs « changés en savonnettes et abat-jour » par l'« Énormité Impardonnable ». Et la tante Rachel, vivante mais exilée, ayant fui dès avant la guerre son enfance orpheline. Rachel la sublime, la fortunée, de retour elle aussi, libre et amoureuse.
Quand Federman écoute Raymond, le raconteur ne cesse d'explorer l'espace de liberté entre réel et imaginaire, ce lieu de la fiction où sont convoqués figures inventées et personnages existants : Céline, Francis Ponge, Charlie Parker, Max Jacob, Doubrovsky, Diderot... points de repère dont l'influence n'est présente qu'autant que Federman s'en démarque pour composer son oeuvre propre, récit rhapsodique cousu de souvenirs et de morceaux de bravoure délectables.
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