«Discrimination positive», «parcours individualisés», «pédagogie adaptée aux différences culturelles», «blasons ou portefeuilles de compétences», tels sont les maîtres-mots de cette rhétorique de l'innovation qui envahit l'Ecole et qui, sous couvert de modernisation, masque une entreprise de désagrégation de cette école publique laïque, «exception française» qu'une Europe des marchands s'efforce d'abolir au nom des impératifs de la «mondialisation».
Il est de bon ton, aujourd'hui, de railler la tradition scolaire républicaine : elle a pourtant constitué un moyen efficace d'accès à la connaissance et de promotion pour les classes populaires. D'année en année on s'évertue, ici et là, à faire le procès d'une institution déjà fortement mise à mal par quarante années de contre-réformes assénées au nom d'une mystifiante idée d'égalité des chances qui n'a pas peu contribué à masquer l'érosion de l'égalité de droits devant l'instruction.
Est-il meilleur moyen d'organiser la fin de l'Ecole que de la détourner de sa seule et véritable finalité : instruire les jeunes dans les meilleures conditions possibles pour contribuer à en faire des citoyens libres, indépendamment des pressions d'un système économique qui s'enfonce dans une spéculation financière dangereuse pour la démocratie ?
Telle est la question à laquelle, par un retour sur l'histoire scolaire, ce livre se propose d'apporter des éléments de réponse.
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