Voici une tragédie saintongeaise, qui est aussi une tragédie nationale : celle de la déportation, en 1793, de centaines de prêtres non jureurs en l'île Citoyenne (aujourd'hui, île Madame), dont l'interminable calvaire s'acheva dans la mort.
Le décor ? Ce marais de Brouage, en Charente, où les moires du ciel ne cessent de s'unir aux solitudes mauves des vasières, là même où se récoltait le sel et se faisait la poudre.
Les protagonistes ? Un saulnier, Modeste Gorge-Bleu, et sa fille, Casilda, éblouissante et convoitée de tous. Parmi ses prétendants, le Timonier qui ne rêve que d'elle et s'imagine qu'il saura purifier cette époque de folies où les hommes se déchirent ; le Procureur, retors et flanqué d'une mère convulsionnaire ; l'esclave noir Oséko, fidèle à la somptueuse Tia, déportée d'Afrique, comme lui ; quelques personnages, encore, porteurs de la gloire des modestes.
Tous devront tenter d'échapper aux cages où l'Histoire nous enferme dans les moments de crise, comme aux chaînes que nous nous scellons les uns aux autres dans la convoitise. Mais nul n'échappe à l'amour, sinon par la mort. Et c'est en croyant éviter la passion fulgurante du Timonier autant que celle, malsaine, du Procureur, en acceptant un mariage paisible, c'est-à-dire inexistant, que Casilda va découvrir la passion, la vraie, celle de la solitude et du sacrifice.
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