Dès qu'on sut où il était, ce fut la ruée. La foule
accourut de très loin. Elle comprit tout de suite
qu'il s'agissait d'un sacrifice humain, d'un très
vieux rite, et qu'il fallait venir. Miracle ! La terre
mange un enfant en direct ! Elle l'a happé de sa
bouche vorace, elle est en train de le déglutir tout cru.
Italie. Juin 1981. Non loin de Rome, un
enfant de six ans tombe dans un puits et reste
bloqué à plus de vingt mètres de profondeur.
La foule accourt pour assister aux secours
qui, pour la première fois, sont retransmis
en direct à la télévision pendant dix-huit
heures d'affilée, faisant entrer l'information
dans l'ère du spectacle.
La fête sauvage s'inspire librement de ce fait
divers.
Dans une langue d'une beauté à couper
le souffle, Annie Mignard nous tient en haleine
jusqu'à la dernière page. Elle convoque plusieurs
strates de mémoire collective (depuis
la descente aux enfers jusqu'à la passion
christique et ses images de mater dolorosa)
pour livrer une réflexion passionnante et
non dénuée d'humour sur la montée en
puissance des médias depuis les années
quatre-vingt.
Emmanuel Tête nourrit ses dessins de
références à l'art italien pour souligner avec
ironie la férocité de cette fête sauvage et
païenne.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.