En février de l'an 1885 Nietzsche écrit à l'ami Peter
Gast : «Cet hiver est porteur d'un 'fruit nouveau', mais
je n'ai pas d'éditeur. L'énorme aberration de publier
quelque chose comme mon Zarathustra s'est soldée
par une aberration égale : comme de juste... Sans
doute impubliable d'ailleurs : un blasphème écrit avec
l'humeur d'un bouffon.»
Des philosophes parmi les plus sérieux ont ressenti
d'ailleurs «une certaine gêne» devant ce blasphème
bouffon. Et même ils vont y rencontrer «des fautes de
goût»... Pour eux, «cette quatrième partie de Zarathustra
est une chute».
J'y perçois au contraire l'accomplissement de ce qui
a parcouru l'oeuvre entier de Nietzsche comme un frisson
discontinu : le souhait d'écrire, lui aussi - tel Hölderlin
ou Kleist -, le théâtre. Les fragments d'un
Empédocle ou d'un dialogue entre Dionysos et Ariane
viennent l'attester.
Mais encore fallait-il que l'ampleur du verset nietzschéen
dans Zarathustra puisse rejoindre la coupe
brève, ironique, érotique du chant Parmi les Filles du
désert, - chant qui fait lui-même partie de la Fête de
l'Ane, de l'Eselsfest, dans la splendide Quatrième partie
de Zarathustra.
Jean-Pierre Faye
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