«Quand le souffle passait en sifflant au-dessus de ma
tête, c'était le vent dans les grands arbres de la forêt, et
non la pluie. Quand il rasait le sol, c'était le vent dans
les buissons et les hautes herbes, mais ce n'était pas
la pluie. Quand il bruissait et chuintait à hauteur d'homme,
c'était le vent dans les champs de maïs. Il possédait si bien
les sonorités de la pluie que l'on se faisait abuser sans cesse,
cependant, on l'écoutait avec un plaisir certain, comme si un
spectacle tant attendu apparaissait enfin sur la scène. Et ce
n'était toujours pas la pluie.
Mais lorsque la terre répondait à l'unisson d'un rugissement
profond, luxuriant et croissant, lorsque le monde entier
chantait autour de moi dans toutes les directions, au-dessus et
au-dessous de moi, alors c'était bien la pluie. C'était comme de
retrouver la mer après en avoir été longtemps privé, comme
l'étreinte d'un amant.»
Une nouvelle traduction de l'un des titres les plus populaires
de la littérature du vingtième siècle, qui se veut fidèle à la
musique de Karen Blixen, à sa voix, à son style, unique dans
les lettres danoises, et lui rend enfin tout son éclat.
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