Dans une maison vide près d'un fleuve en crue, une jeune
femme, enceinte, attend l'homme qu'elle aime et qui l'aime, dont
nous ne saurons que le prénom, François.
Elle confie au magnétophone une sorte de confession hallucinée,
afin d'essayer de lutter contre l'angoissante sensation qu'elle subit
d'être envahie par un corps étranger - l'enfant à venir - qui porte
atteinte à sa plénitude et la prive de la liberté, en particulier sensuelle,
qui faisait naguère ses délices.
Cette liberté sans tabou, elle lui vient d'abord d'une enfance passée
dans un pays équatorial, humide et chaud, que sa sensibilité exacerbée
recrée dans la splendeur merveilleuse de commencements
vécus en compagnie d'un frère qui fut, de fait, son premier amour.
Mais les bouffées intenses du souvenir ne restituent pas que l'enchantement.
Le paradis exotique était déjà marqué par la mort (senteurs
omniprésentes de la décomposition des plantes et des corps,
épisodes de l'agonie, sur la plage, d'une tortue géante, de la découverte
d'un cadavre humain, du voyage des deux enfants à l'île du
lichen), une mort que celle, bien réelle du frère - suggérée en filigrane
dès le début du récit - viendra définitivement matérialiser.
Paradis perdu, tragédie en marche : François arrivera-t-il à temps
pour s'opposer à la tentation récurrente du suicide ?
Ce texte écrit au plus près du corps et dépourvu de toute concession
à la vulgate de l'épanouissement féminin en maternité, s'arrête
sur cette interrogation et ne conclut rien.
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