Nés au Burkina, ces contes et légendes des savanes entendus ou imaginés au fil des routes et dévidés aux étapes sont des traces d'une rencontre entre l'Europe et l'Afrique. Ils disent en français des réalités nées ailleurs et en d'autres langues.
Aux bivouacs, chacun parle de ce qu'il connaît : de là où il vient, de ce qu'il vit, de ce qu'il croit. Qu'importe que ce pays d'origine soit le rêve ou que cette vie soit une simple apparence : on sait qu'on y habite.
Un conte, c'est le plain-pied de la nature et du merveilleux. C'est le glissement sans rupture de l'homme et de l'animal dans l'unité de ce qu'ils sont : amours, contraintes et désirs. Que l'on ne sache pas très bien, ni qu'on veuille vraiment le savoir, si c'est l'ange, l'homme ou la bête qui aime, qui rit, qui punit ou qui raconte, l'important est de maîtriser par le récit le temps qui fuit, de tisser le sens de notre destin et de renforcer par la parole amitié et connivence... Tout cela pour que, comme Alaksane «la mouche qui voulut aller mendier à Ouagadougou» nous recevions l'illumination de la sagesse que procurent les vrais voyages. Elle ne tient pas dans la diversité du monde mais dans la révélation de celle de l'âme et de tous ces possibles qui sont notre être...
Ce n'est pas le voyage qui fournit le récit, mais le récit qui fait le voyage.
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