La femme et l'homme nu
Ce roman de 1924 est la seule collaboration entre deux auteurs parmi les plus en vue de la littérature coloniale, Pierre Mille et André Demaison. Ce dernier, ayant longtemps vécu au Sénégal, apporte une abondante documentation ethnographique. On ne saurait imaginer personnages plus contrastés que Vania et Tiékoro. Ce dernier est issu de « ce petit peuple koniagui qui, au milieu des populations de l'Ouest africain, a conservé, avec son indépendance, des coutumes primitives et anarchiques ». Vania est russe, doublement blanche en ce sens qu'elle a le teint très blanc et que, issue d'une lignée aristocratique, elle a fui la Russie après la révolution bolchevique de 1917. Voici donc deux exilés loin de leur pays natal, lui blessé de guerre, elle, marraine désoeuvrée. Des incompréhensions de part et d'autre se succèdent, mais ils bravent, tant à Fréjus-Saint-Raphaël qu'à Dakar, regards réprobateurs et remarques désagréables. La compassion vire à l'amour, ou du moins, du côté de Vania, à l'infatuation, et du côté de Tiékoro à l'assouvissement de ses besoins humains, aux attouchements de plus en plus intimes, menant à l'accouplement bicolore qui est la suite logique du titre même du roman.
« Tiékoro est un vrai primitif, c'est-à-dire l'esclave de puissances sociales, religieuses, magiques, impératives ; Vania est peut-être aussi une sauvage, mais déchaînée - tout le contraire. »
Mille et Demaison, La Femme et l'homme nu
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