La nature à l'aube des Lumières n'est plus un livre à déchiffrer, mais un champ à travailler. Comètes, marées, tremblements de terre, cessent d'être considérés comme les prodiges d'un univers immuable et transcendant. Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'avènement du capitalisme industriel et son développement mondial jouent un rôle fondamental dans la constitution des sciences modernes. La nature devenue chantier peut être explorée, contrôlée et instrumentalisée.
Dans les observatoires et laboratoires, cours et académies, théâtres et manufactures, les Newton, Lavoisier, Kant, Lord Kelvin, mais aussi des artisans, des médecins, des jésuites, des hommes de spectacles s'attèlent à une nouvelle forme à la fois de connaissance et de gouvernement de la nature : les sciences expérimentales.
Bien au-delà d'une simple généalogie progressiste, Simon Schaffer met en œuvre une véritable archéologie des sciences modernes, cherchant leurs racines et suivant leurs multiples ramifications sociales et culturelles, des capitales européennes jusqu'aux mondes lointains. Il éclaire les micro-pouvoirs et les dispositifs qui organisent les sciences comme technologies disciplinaires et agencement de l'information. Ces processus multiples permettent de comprendre comment ces sciences finissent par façonner un monde naturel et social à leur mesure.
Simon Schaffer, historien et philosophe des sciences réputé, enseigne à l'université de Cambridge. Il est l'auteur, avec Steven Shapin, d'un ouvrage qui a fait date en histoire des sciences, Léviathan et la pompe à air : Hobbes et Boyle entre science et politique, La Découverte, 1993.
Traduit de l'anglais par Frédérique Aït-Touati, Loïc Marcou, Stéphane Van Damme
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