Au commencement l'imagination métamorphose l'espace en habitat en y inscrivant du temps : le galop des chevaux de Lascaux anime la paroi qu'il recouvre. Menhirs et dolmens parlent aussi pour cette logique primitive du cadran solaire qui fait du temps l'esprit du lieu.
Si la philosophie est l'amour du savoir, celui-ci est resté un amour sorcier qui a perpétué la pensée magique. Sa phobie de l'espace l'a en effet poussée à forger à son tour des simulacres temporels de l'espace, qu'elle a baptisés : « l'être ». « Substance », « présence » et autres « dehors » ont usurpé la place de l'être, ces images de l'être opposant simplement le temps qui dure au temps qui passe. D'un là trouvé, la philosophie a fait un être tantôt advenant, tantôt étant.
L'heure était donc venue de dissiper les trois substituts de l'espace que le temps enfante : la succession donne le séjour, la simultanéité le voisinage, la durée fait la demeure. Ainsi, tout espace habité (politique, économique, écologique, poétique, religieux et scientifique) relève d'une anthropologie du temps et nullement d'une philosophie de l'être. Ce livre est une méditation philosophique sur l'abîme entre le temps pour nous et l'être en soi.
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