Même s'ils commettent le
même délit, un Français et
un étranger ne sont pas
égaux devant la justice,
puisque le délinquant étranger
peut être condamné, en
plus de sa peine de prison, à
un éloignement du territoire
français. C'est cet éloignement
discriminatoire que les
associations de défense des
étrangers dénoncent en le
qualifiant de «double
peine».
La lutte contre la double
peine a derrière elle une
longue histoire. Des années
1970 à la «loi Sarkozy» de
novembre 2003, en passant
par les grèves de la faim des
années 1980 ou les actions
du Comité national contre la
double peine, la cause des
expulsés a fluctué au gré des
alternances gouvernementales
et des réformes législatives.
La contestation de la double
peine accompagne et éclaire
une série d'importantes
transformations politiques et
sociales qu'a connues la
France depuis les années
1970. Son histoire est celle
de la forte politisation du
thème de l'immigration qui,
à la faveur de l'avènement
de l'extrême droite, s'est
aujourd'hui imposé comme
un des enjeux centraux du
débat politique. Elle est aussi
celle de la lente dégradation
des rapports entre le monde
associatif et une gauche de
gouvernement de plus en
plus sourde aux revendications
des défenseurs des
immigrés.
À travers cette lutte, c'est un
pan entier de la politique
française avec des comportements
et des déterminismes
qui se manifestent à peu de
chose près dans tout le
champ sociopolitique
qu'éclaire le livre de Lilian
Mathieu, sociologue, chargé
de recherche au Centre de
recherche politique de la
Sorbonne (CNRS, Université
Paris-1).
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