Il y a une sociologie des biens culturels et des pratiques, mais cette sociologie n'est pas une économie, avec son capital, ses intérêts et son marché. Quand ce qui explique un goût musical est, en priorité, la génération d'appartenance des personnes et non leur position sociale, quand la valeur de telle série télévisée est comparée à celle des autres oeuvres du même genre et non aux autres genres, quand les oeuvres ont une valeur esthétique indépendante de la position sociale de leurs pratiquants privilégiés, quand la fréquentation ordinaire des oeuvres est plus décisive que la socialisation, c'est qu'un certain nombre de changements théoriques et conceptuels sont nécessaires.
Parce que les goûts ne sont pas réductibles à la position et à l'origine sociale, parce que les biens culturels n'ont plus une seule valeur (leur valeur sociale), parce que les usages sociaux de la culture varient selon les situations sociales (en couple, en famille, entre pairs, entre amis, etc.) et signifient diversement pour les individus (en termes de plaisir culturel, de savoir), en n'étant pas réductibles à des rapports de distinction et de domination, une évolution du modèle dominant est requise vers la prise en compte de l'expérience due aux biens culturels. Cette évolution est celle qui requalifie la distinction en différenciation, la structure positionnelle en identité sociale et générationnelle, la structure positionnelle en identité sociale et générationnelle, le capital culturel en savoirs, la légitimité en reconnaissance et en normes de groupe, pose le genre culturel comme catégorie constitutive du goût et du jugement de valeur, et enfin, soutient l'autonomie du monde de la culture par rapport au monde de l'école.
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