Tandis que Protestants, Juifs et descendants d'esclaves affranchis accèdent enfin à la citoyenneté sous la Révolution française, la République s'en remet aux lois de la nature pour confirmer les femmes dans leur aliénation civique. Aux lois de la nature invoquées en 1789 succède l'ordre symbolique surgi deux siècles plus tard pour interdire aux homosexuels l'égalité de tous devant la loi concernant le droit au mariage et à la filiation. Depuis sa fondation révolutionnaire jusqu'à nos jours lors des débats sur le Pacs, la République française intègre dans son idéologie la notion de différence des sexes comme une évidence naturelle qui doit primer sur le concept d'universalisme républicain - quitte à se traduire, concrètement, par le maintien des discriminations.
Cet essai interroge l'évidence de la différence des sexes avec une thèse à l'appui: la dissemblance des sexes sert de prétexte à naturaliser une théorie politique, celle de l'agencement du masculin et du féminin dans la sphère sociale. Dialoguant entre autres avec l'anthropologie, la psychanalyse et la pensée Queer, Maxime Foerster met en lumière un impensé de la République française et tire les conséquences d'un régime politique qui cesserait de dénier en pratique ce qui est prôné en théorie. Notre vieille République en ressort décrassée, étonnamment subversive.
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