Religieuse, intrigante, femme de lettres : telles sont les trois carrières de Mme de Tencin, qui connut son heure de gloire sous la Régence puis sous Louis XV. Cette « nonne défroquée », qui fut aussi la mère du philosophe d’Alembert, a fait de sa vie un chef-d’œuvre de dissimulation et d’intelligence. Alexandrine de Tencin qui vit le jour à Grenoble en 1682 semblait avoir son avenir tout tracé. Son frère aîné hériterait de la fortune de leurs parents tandis que ses deux sœurs et son plus jeune frère seraient élevés comme elle, dans un couvent.
Renoncer au monde et à ses plaisirs ? Jamais ! Son ambition était trop grande de s’y faire un nom, une place, de briller dans les salons. Mais il lui fallait quitter cet habit de nonne pour triompher de la cruauté des hommes. Le jour vint où elle fut rendue à la vie civile et son entrée dans le monde fut fracassante ! Tout ce qu’elle n’avait pas connu entre les murs du couvent, elle allait le vivre, intensément ! La politique, l’ambitieuse la faisait sur l’oreiller. Elle travailla sans relâche à l’ascension de son frère dans la hiérarchie ecclésiastique ; il était bien le seul homme qu’elle eût jamais aimé. Et dans son salon littéraire, elle brillait par son esprit et sa culture.
Cependant, du plus honteux secret qui pesait sur son nom, tout Paris se délectait. Et pour tous, Madame de Tencin demeurait « La Défroquée ».
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