La « défense du travail national » fut le cri de ralliement adopté par les industriels français et allemands partisans, dans les années 1870, d'un retour à une politique protectionniste. Leurs voeux furent en grande partie exaucés par la plupart des gouvernements européens qui tournèrent le dos à un quart de siècle de libération des échanges et d'ouverture des marchés. Peut-on affirmer pour autant que le protectionnisme douanier de la fin du XIXe siècle soit parvenu effectivement à favoriser le développement et, par là, à « défendre l'emploi » ? C'est la principale question à laquelle ce livre répond en s'appuyant sur l'expérience européenne entre 1880 et 1914.
L'actualité invite à une relecture du poids qu'on eu sur les économies de leur temps, les tarifs douaniers que les historiens - tel Romano Prodi - ont, en général, eu tendance à justifier. Paul Bairoch, en 1976, a soutenu que les politiques commerciales des années 1880-1914 avaient favorisé la croissance des pays qui s'en étaient dotés et que ceux qui étaient restés fidèles au libre-échange avaient vu, à l'instar de l'Angleterre, leur production stagner. L'auteur a tiré profit des travaux récents dans le domaine de l'économie internationale, mettant en lumière la chaîne qui relie les effets du tarif sur la structure des coûts aux performances des diverses industries dans les grandes économies du continent (Allemagne, Italie, France). Il a analysé la notion de protection commerciale effective et l'a mise en relation avec des indicateurs de productivité du travail sur la période 1870-1914 pour douze branches industrielles de quatre pays. L'analyse de panels révèle, au rebours des conclusions de Bairoch que, loin d'avoir conféré un avantage comparatif aux pays qui s'en étaient dotés, les tarifs douaniers de la fin du XIXe siècle ont eu pour effet de retarder les progrès de leur industrie.
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