Que sait-on de la douleur au XVIIIe siècle, de la manière dont elle est ressentie, tout particulièrement dans les classes populaires si violemment agressées par leurs conditions de vie ? L'histoire est silencieuse à ce sujet, pourtant les archives de police recensent de manière implacable des accidents, noyades, agressions de chaque jour... Chez les plus aisés, bien que très souvent atteints de maladie, le mépris, parfois l'indifférence, prennent le pas sur une compassion qui, par moments, s'éveille. Quel est donc ce siècle des Lumières, empli de philosophie du bonheur, du progrès et de l'idée d'égalité, si souvent aveugle et sourd aux corps souffrants des moins favorisés ?
Dans cet essai, l'un des plus personnels, Arlette Farge interroge cette déchirure et l'un des discours les plus tenaces sur la douleur, qui voudrait que la dureté de la vie entraîne accoutumance chez ceux qui la subissent. C'est plutôt la société, celle du XVIIIe siècle tout comme la nôtre, qui fabrique toutes sortes d'accommodements avec la violence, la misère et la mort des plus humbles.
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