En Sardaigne, l'argia, est le nom d'un animal mythique, fourmi ou araignée, dont la morsure provoque un état de possession. À force de musique, de danse et de dialogues poétiques avec l'argia, tout le village se mobilise pour identifier l'esprit féminin qui s'est emparé de l'homme en transe. Tour à tour petite fille que l'on berce, jeune fille en mal de fiancé, femme en proie aux douleurs de l'enfantement, veuve pleurant son mari défunt, le possédé est l'objet passif d'un rituel très étonnant de travestissement sexuel auquel la communauté se livre sans aucune gêne et où toutes les règles de partage des sexes sont abolies. Chants d'amour, danses licencieuses et gestes érotiques, lamentations hésitantes entre les pleurs et le rire, accouchements simulés, berceuses, tout est bon pour guérir le possédé qui change de sexe le temps du rituel, dans une mise en scène impliquant toute la communauté. Disparue depuis les années 50, l'argia est pourtant encore présente dans la mémoire collective d'une société où tradition et modernité continuent de s'affronter par-delà le vingtième siècle. « C'est en cela que ce voyage au cœur de la culture sarde, à la recherche des araignées de toutes les couleurs qui envahissent les hommes et parlent dans la langue des poèmes, est aussi un grand livre d'ethnologie et d'histoire culturelle » écrivait Daniel Fabre dans Libération.
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