Jusqu'à la crise du Covid-19, la croissance structurelle du transport aérien semblait une évidence. Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, les règles établies par les conventions de Montréal et de Chicago ont garanti la liberté du ciel que la mondialisation libérale et les progrès techniques ont transformée en boom spectaculaire. Dans « le monde d'avant », l'aviation
civile était surtout soucieuse de pouvoir répondre à la demande et d'éviter la surchauffe économique.
Le confinement a provoqué la pire crise de l'histoire de l'aviation civile. Il semble impensable de revenir à la « normale », c'est-à-dire à un monde dérégulé et financiarisé, du reste responsable des accidents tragiques de deux Boeing 737 MAX. Un autre modèle de croissance - ou de décroissance ? - tresserait le destin de l'aviation civile avec la problématique du changement climatique. En 2015, la COP 21 avait affiché des ambitions claires en matière de limitation de la hausse des températures. Or, par rapport aux autres secteurs économiques, le monde aérien jouit de privilèges fiscaux qui
le placent en porte-à-faux.
L'histoire n'est pas écrite. Les avions vont-ils rester un monde à part ou vont-ils rejoindre la dynamique de la transition écologique ? Qui peut-on croire dans un univers où la communication remplace les faits ? Quels sont les acteurs qui feront pencher la balance d'un côté ou de l'autre : les compagnies aériennes, les industriels, les États, les institutions internationales, ou les citoyens ?
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