Les États-Unis sont la terre d'élection des immigrés : c'est un pays d'accueil
ouvert à tous, un singulier melting-pot où se mêlent les ethnies, les religions et les
cultures les plus diverses. Cette nation plurielle ne s'est pas construite sans heurts
ni violence. Car l'Amérique est aussi le pays de l'exclusion, du racisme et de la
xénophobie. Allemands, Irlandais, Chinois, «Slavo-Latins», Juifs, Hispaniques
étaient chacun à leur tour jugés inassimilables... avant d'être tous assimilés.
C'est ce paradoxe d'un pays à la fois fragmenté dans son tissu social et doué
d'une étonnante capacité d'intégration que veut interroger cet ouvrage.
Denis Lacorne restitue la richesse et les contradictions du multiculturalisme
américain dont il explore l'histoire depuis trois siècles en révélant ce qu'elle a de
comparable et d'incomparable avec l'expérience française. Il jette un éclairage
neuf sur les débats qui n'ont cessé d'opposer partisans du melting pot et tenants
du pluralisme culturel.
La crise de l'identité américaine est inscrite dans l'origine même de la nation
américaine. Elle exprime la tension, l'ambiguïté, le caractère indécidable
d'une nation imaginée tantôt comme assimilationniste et unitaire, tantôt comme
pluraliste et multiculturelle. Cette crise, c'est la chance de l'Amérique, n'est jamais
fatale parce que les plus «séparatistes» des Américains n'expriment pas
de revendication territoriale. Mais elle est durable à cause des inégalités
persistantes entre groupes ethniques, bien imparfaitement corrigées par les
politiques de traitement préférentiel.
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