La Crevie ou l'anthologie incendiaire dans laquelle, en vis-à-vis, deux univers se côtoient et communient autour de la poésie ; de figures majeures de la poésie, qui toutes ont en commun ici d'avoir vécu au bord du précipice de l'écriture, loin, très loin d'une reconnaissance rassurante et confortable. Les textes de Philémon Le Guyader arrachent à ces destins fragments brûlants, éléments biographiques, ressentis vibrants, auxquels les oeuvres de Jacques Cauda confèrent une dimension sidérante.
Les visages surgissent, on n'ose à peine dire du passé tant leur présence transcende la page. Ils explosent la notion même de disparition. Ces poètes-là ne sont pas morts, ils évoluent dans un espace entre la vie et la mort, se consumant encore, par et pour leur oeuvre.
Cette Crevie-là inaugure un genre d'anthologie nouvelle, seulement guidée par la subjectivé puisée dans le chaos de vies et de consciences artistiques terriblement incarnées. Philémon Le Guyader y puise la matière d'une poésie rechargée, au contact de ce feu toujours actif ; Jacques Cauda se surpasse en maître total du portrait. Tous deux établissent un panthéon radical, sans concession, violent, à rebours des conformismes ou des académismes.
Ce qu'on lit, ce que l'on voit dans La Crevie c'est pourtant une certaine idée de la perfection poétique, dans sa dimension furieuse, plus forte que la mort, comme une soif de création et d'absolu jamais assouvie.
Yan Kouton
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