«Fignolé, pourquoi nous obliger à respirer à des
hauteurs si difficiles ? Fignolé récalcitrant. Fignolé
rebelle, habité de poésie, fou de musique. Fignolé
n'a pas sa place dans cette île où la débâcle a défait
les âmes. Fignolé, m'entends-tu ? Traverse indemne
la foudre et le feu de cette ville si tu veux mais
reviens-nous... Reviens-nous vite. Sans mal et sans
blessure. Plus vivant qu'aucun chrétien vivant ne l'a
jamais été sur cette terre. Fignolé, m'entends-tu ?»
Poignante description de l'angoisse des deux soeurs de
Fignolé, jeune militant du parti des Démunis disparu dans
une ville en proie au chaos, La Couleur de l'aube a, lors de
sa parution en 2008, imposé Yanick Lahens comme une
des grandes voix de la littérature haïtienne.
Se faisant l'écho du désespoir des deux jeunes femmes
qui, un jour durant, poursuivent leur enquête, l'écrivain
dessine la géographie de la ville - Port-au-Prince - et du
pays où elle vit et qu'elle connaît intimement. Toute son
oeuvre - jusqu'à Bain de lune, qui en 2014 a obtenu le prix
Femina - s'ancre dans ce territoire où la monstruosité
voudrait se faire loi, mais où ne cessent de rejaillir la
révolte et la volonté de vivre.
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