La conspiration du silence
Louis Dumur [1863-1933], en dépit d'une oeuvre importante, tarde à entrer au panthéon des grands écrivains romands. Son souvenir provoque même, à Genève, un certain malaise. Ne va-t-il pas jusqu'à critiquer, dans son roman L'École du Dimanche, la religion de ses pères ? Ne fustige-t-il pas, dans La Croix rouge et la Croix blanche, ou la Guerre chez les Neutres, l'attitude des banquiers genevois durant la Première Guerre mondiale ?
À près d'un siècle de distance, François Jacob revient sur les termes du conflit, et pour mieux comprendre les raisons de cette prévention, il interroge le rapport de l'écrivain à sa ville natale à travers quatre « zones d'influence » qui sont autant de clés d'élucidation de son oeuvre : celle de ta famille ; celle du massif littéraire que constituent les romans de sa tétralogie genevoise ; celle des figures tutélaires - Calvin et Rousseau - ; celle, enfin, du contexte politique de sa maturité, durant laquelle émergent les questions hautement sensibles de la neutralité helvétique et de la place de la Suisse dans le concert des nations.
Ce parcours révèle la figure d'un écrivain sincère et fortement engagé, dont les prises de position polémiques ont fini par susciter autour de l'oeuvre et de sa postérité une conspiration du silence que le présent ouvrage invite, aujourd'hui, à dissiper.
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