Février 1967, la Révolution culturelle est à son point d’incandescence. Shanghai bouillonne. Un groupe d’ouvriers et d’étudiants rebelles, d’abord minoritaire mais bien décidé, va réussir l’impossible : se débarrasser du vieux parti communiste local et de la municipalité somnolente, et prendre le pouvoir dans la ville. Se réclamant explicitement de la Commune de Paris, ils créent un organisme nouveau, la Commune de Shanghai. Les ouvriers et les étudiants sont maîtres de la plus grande ville industrielle de Chine.
Le livre retrace presque jour par jour cette aventure unique : la montée de la révolte, les luttes internes, la résistance féroce de ceux qui s’accrochent au pouvoir en s’appuyant sur l’armée, la victoire de la Commune – et puis le recul sur ordre de Mao qui craint lui-même que l’armée le lâche. La Commune de Shanghai, qui devient Comité révolutionnaire, aura duré moins longtemps que la Commune de Paris.
Outre cette prodigieuse histoire, ce livre propose une réévaluation de la Révolution culturelle, que le pouvoir postmaoïste cherche à faire oublier. Hongsheng Jiang a rencontré dans sa recherche de grandes difficultés : les protagonistes ont été exécutés ou sont morts en prison, les documents ont été détruits ou mis sous clef, les mensonges de Pékin sont repris par l’Occident tout entier. On n’en appréciera que plus la somme d’enseignements – et d’enthousiasme – de ce livre exceptionnel.La préface d’Alain Badiou souligne l’importance de la Révolution culturelle et de l’épisode de la Commune de Shanghai, « l’un des cinq paradigmes de l’histoire des révolutions modernes, le plus combattu, déformé, travesti, passé sous silence... ».
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