Comment, au-delà de la vénération du particulier et du pluralisme
si caractéristique de nos sociétés individualistes contemporaines,
penser l'homme dans ses appartenances symboliques
concrètes ? Comment redonner sens à ces vieilles notions totalisantes
de «société», de «culture», de «nation», d'«identité
collective» et, à travers elles, de «communauté», pour penser les
formes de notre être-ensemble ? Rien n'est moins simple. Et rien
n'est plus nécessaire.
Comme y invite cet ouvrage, il est temps d'en finir avec ce soupçon
généralisé typique des théories postmodernes dominantes
(poststructuralisme, postcolonial, subaltern et gender studies) selon
lequel toute idée de totalité serait totalitaire et constituerait un
instrument idéologique de domination et d'uniformisation. Si, à
l'inverse, on considère, dans la perspective holiste tracée par Louis
Dumont, que les idées, valeurs et actions individuelles ne peuvent
être saisies qu'à partir de leur inscription au sein de diverses totalités
sociales qui leur donnent forme et signification, alors il est
des trésors de savoir inestimables à aller chercher chez les «classiques»
de la sociologie et de l'anthropologie.
Avant de condamner leurs préjugés (essentialistes, voire colonialistes)
du haut de notre bonne conscience postmoderne, un premier
pas serait d'apprendre et de comprendre ce qu'ils ont à nous
dire sur la capacité des individus modernes que nous sommes à
«faire communauté».
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