L'idée que l'Occident se fait du "temps" est le fruit de siècles d'histoire, de croyances et d'espérances. Pendant longtemps, nul n'a semblé s'intéresser au calcul savant de la durée écoulée depuis l'origine de l'humanité. Or, l'émergence de la mesure du temps passé est aussi celle de l'Histoire.
Dans cette brillante étude, Sylvie Anne Goldberg s'attache à la fois à éclaircir le contenu de la notion contemporaine du temps et à en identifier la généalogie. Les "contes" du temps traduisent la manière dont l'Occident chrétien a pensé le temps au regard d'une analyse de la construction d'une conception "juive", et les "décomptes" du temps exposent comment le passé fait sens dans l'entrelacs du temps compté et de l'histoire racontée. La construction du temps, mêlant foi, connaissance et pouvoir, n'est pas un phénomène uniforme. La coexistence d'une multiplicité de registres de la temporalité permet, au gré des nécessités historiques et des évolutions, de situer le temps et l'histoire dans ce que chaque époque a de plus singulier, tout en l'inscrivant dans une continuité. Ce livre suit l'évolution, à partir de la Bible et de l'Antiquité, de la flèche et de l'axe du temps ; la découverte de l'ère, entre croyances, computations et calendriers, attente du Messie et conflits de pouvoir. Il analyse, sous l'angle de la formation d'une temporalité qui se veut proprement juive, les différents éléments qui permettent un jeu entre le temps des nations et le temps des juifs, établissant ainsi un double registre de temporalité, qui traversera les époques et les continents. La grande nouveauté de cette étude est donc de récuser l'idée d'un "temps judéo-chrétien" unitaire, puis celle d'unicité naturelle du temps, pour interroger la notion de temps à partir d'une enquête sur la "temporalité juive", plus précisément sur sa genèse - Foucault aurait dit sa généalogie.
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